
La ville de Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri en République démocratique du Congo (RDC), est en proie à une recrudescence des violences ethniques. La milice Coopérative pour le développement du Congo (Codeco) a récemment intensifié ses attaques contre la communauté Hema, faisant au moins 80 morts en l’espace de quelques jours. Face à cette situation alarmante, l’Ouganda, voisin de la RDC, a exprimé sa volonté d’intervenir militairement pour mettre un terme aux massacres.
Le général Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni et figure influente de l’armée ougandaise, a lancé un avertissement via son compte X (anciennement Twitter). Il a sommé les forces impliquées dans les violences de se rendre sous 24 heures, sous peine d’une intervention militaire directe de Kampala. Cette déclaration, perçue comme un sérieux avertissement, souligne l’impatience de l’Ouganda face à l’inaction des autorités congolaises.
« Nous ne pouvons pas rester les bras croisés alors que des innocents sont massacrés sous nos yeux. Si la situation persiste, nous interviendrons », a-t-il déclaré, ajoutant que la sécurité régionale est une priorité pour son pays.
Cette menace d’intervention militaire ravive les souvenirs des précédents engagements ougandais en RDC, notamment dans les années 1990 et 2000, où Kampala avait été accusé d’exploiter les ressources naturelles congolaises sous prétexte d’opérations militaires. Une nouvelle incursion de l’armée ougandaise risquerait d’exacerber les tensions régionales et d’ajouter un nouvel acteur à un conflit déjà complexe.
De son côté, Kinshasa, par la voix du porte-parole du gouvernement, a appelé au calme et affirmé que la situation est sous contrôle. Toutefois, les habitants de Bunia, pris en étau entre les violences de Codeco et l’inaction des forces armées congolaises, restent sceptiques quant à la capacité de l’État à les protéger efficacement.
Alors que les violences s’intensifient, la communauté internationale demeure relativement silencieuse. Les Nations Unies et l’Union africaine n’ont, pour l’instant, pas réagi officiellement aux menaces ougandaises ni à l’aggravation de la crise humanitaire en Ituri.
Les populations civiles, quant à elles, continuent de fuir les zones de conflit, cherchant désespérément refuge dans des camps de déplacés surpeuplés. Avec des milliers de familles jetées sur les routes et un accès humanitaire limité, la situation humanitaire devient critique.
La menace d’une intervention militaire ougandaise pose de nombreuses interrogations sur l’avenir de la région. Si Kampala venait à engager ses troupes en RDC, cela pourrait entraîner des tensions diplomatiques avec Kinshasa, voire avec d’autres pays de la région. À l’inverse, une absence de réaction concrète des autorités congolaises pourrait aggraver les violences et alimenter les ressentiments des populations locales.
Alors que l’Ituri continue de s’enfoncer dans le chaos, la communauté internationale, les dirigeants régionaux et les autorités congolaises sont confrontés à un dilemme urgent : comment restaurer la paix sans envenimer davantage un conflit aux ramifications déjà profondes ?
Munguiko Masudi Olivier