
À Sake, agglomération du groupement Kamuronza en territoire de Masisi au Nord-Kivu, le quotidien des habitants s’est transformé en cauchemar. Depuis hier, des dizaines de familles vivent enfermées dans leurs maisons, piégées par les affrontements meurtriers entre les forces loyalistes et les rebelles du M23. Au quartier Mosquée, les portes restent closes, non par choix, mais par peur. Dehors, les tirs résonnent, et chaque bruit suscite la terreur.
À l’intérieur de ces maisons, la vie s’éteint peu à peu. L’eau manque, tout comme la nourriture. Des mères tentent de calmer la faim de leurs enfants en leur racontant des histoires, mais elles-mêmes sont rongées par l’angoisse. Les pères, impuissants, scrutent les fenêtres, espérant un miracle. Ici, on ne parle pas de demain : on cherche juste à survivre aujourd’hui. « Nous avons besoin d’aide, nous sommes abandonnés », murmure un habitant joint par téléphone. Leurs voix se lèvent, suppliant les autorités et la communauté internationale d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
Un jeune, déplacé ayant fui vers Lushagala-Kimachini, dont sa mère malade et son père sont piégés à Sake a contacté Estinfos.net pour alerter. « ma mère est souffrante, elle était à Sake avec mon père. J’ai réussi à les joindre au téléphone, ils m’ont dit être au nombre de 10 dans notre maison. Visiblement d’autres voisins sont venus pour rester ensemble et se donner de la chaleur. Je ne sais pas comment y aller pour essayer d’évacuer ma mère, elle cours un grand risque, sa santé n’étant pas bonne du tout. Je veux essayer demain. Si la situation se calme un peu, je dois sauter en premier pour voir comment leur venir en aide. Ils manquent tout, pas d’eau, pas de médicaments, pas de nourriture », alerte un déplacé.
Sake n’est plus qu’une ombre d’elle-même, défigurée par les combats. Les habitants, autrefois animés par des espoirs modestes, sont désormais otages d’une violence qui les dépasse. Cette tragédie appelle à l’urgence : protéger les vies, rétablir la paix et briser le cycle de l’impunité. Car derrière chaque porte fermée, il y a des hommes, des femmes, et des enfants qui, malgré tout, espèrent encore être entendus.
Munguiko Masudi Olivier