
Le président rwandais Paul Kagame a accueilli, dimanche 02 mars 2025, Muhoozi Kainerugaba, chef des forces armées ougandaises et fils du président Yoweri Museveni, à Kigali. Cette rencontre intervient alors que la montée en puissance du groupe armé M23 et la présence de troupes rwandaises dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ravivent les craintes d’un conflit régional de grande ampleur.
Muhoozi Kainerugaba avait annoncé, la veille, qu’il se rendrait dans la capitale rwandaise pour signer un « pacte de défense entre l’Ouganda et le Rwanda ». Il avait ajouté que « quiconque attaque l’un de nos pays aura déclaré la guerre aux deux », des propos qui soulèvent des interrogations quant aux intentions de Kampala face aux tensions grandissantes dans la région des Grands Lacs.
La visite a été rendue publique par Balaam Barugahara, ministre ougandais de la Jeunesse et proche du président Museveni. Une source militaire ougandaise et une source gouvernementale rwandaise ont confirmé la rencontre à l’AFP, bien qu’aucun détail officiel sur le contenu des discussions n’ait été révélé.
Depuis fin janvier, le M23, appuyé par des forces rwandaises selon plusieurs rapports de l’ONU et d’experts indépendants, contrôle des villes stratégiques comme Goma et Bukavu. Cette progression rapide du mouvement rebelle, actif depuis 2012, renforce les tensions avec Kinshasa, qui accuse Kigali de soutenir cette rébellion.
L’Ouganda, qui a déployé des troupes dans le nord-est de la RDC depuis 2021 pour combattre les Forces démocratiques alliées (ADF), est également soupçonné de jouer un double jeu en facilitant la logistique du M23. Kampala rejette ces accusations, mais des estimations diplomatiques évoquent une présence de 8 000 à 10 000 soldats ougandais en RDC, dont environ 1 000 auraient été envoyés récemment.
Paul Kagame et Yoweri Museveni ont été des alliés dans les années 1980-1990 avant de devenir des adversaires politiques, s’accusant mutuellement d’ingérence, d’espionnage et de soutien à des groupes rebelles. En 2019, le Rwanda avait fermé sa frontière avec l’Ouganda, dénonçant l’enlèvement de ses ressortissants et le soutien de Kampala à des mouvements hostiles à Kigali. Il aura fallu une rencontre entre Muhoozi Kainerugaba et Paul Kagame en 2022 pour amorcer une détente et rouvrir la frontière.
Selon nos confrères de la Voix de l’Amérique (VOA), la situation actuelle rappelle les événements de la Deuxième Guerre du Congo (1998-2003), où le Rwanda et l’Ouganda avaient soutenu des factions rebelles en RDC, plongeant la région dans l’un des conflits les plus meurtriers de l’histoire africaine. Aujourd’hui, la crainte d’une escalade militaire dans l’est congolais, combinée à une possible alliance formelle entre Kigali et Kampala, soulève des inquiétudes quant à un nouvel embrasement régional.
Si l’objectif de cette rencontre entre Kagame et Kainerugaba reste flou, elle pourrait avoir des implications majeures pour la stabilité de la région des Grands Lacs. La RDC, soutenue par ses partenaires régionaux et internationaux, suit de près ces développements, craignant une aggravation de l’ingérence étrangère sur son territoire.
La rédaction