
Le vendredi 21 mars 2025, les députés nationaux de la République Démocratique du Congo ont adopté, sans surprise, le projet de loi portant prorogation de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, des zones lourdement affectées par l’insécurité liée à l’avancée des groupes armés rebelles. Cette nouvelle prorogation marque la 95e fois que cette mesure d’exception est renouvelée depuis sa déclaration en mai 2021.
Le projet de loi a été présenté à l’Assemblée nationale par Samuel Mbemba, vice-ministre de la Justice, qui a pris la parole pour justifier cette prolongation. Lors de son intervention, Mbemba a expliqué que l’État de siège demeure une mesure indispensable pour lutter contre les violences croissantes des groupes armés, principalement en raison de l’instabilité persistante dans ces deux provinces du pays. Selon lui, la situation sécuritaire ne permet pas un retour immédiat à l’ordre normal, d’où la nécessité de prolonger cette mesure jusqu’à ce que des conditions plus favorables à la paix et à la sécurité soient réunies.
Les régions de l’Ituri et du Nord-Kivu sont depuis plusieurs années des foyers de violences, en particulier dues à des conflits entre milices locales et forces armées nationales, mais aussi à l’influence grandissante de groupes rebelles étrangers. Malgré les efforts des autorités congolaises et de la communauté internationale, la situation sur le terrain reste complexe et volatile.
L’extension de l’état de siège implique une concentration accrue des pouvoirs entre les mains des forces armées et des autorités civiles en vue de rétablir l’ordre, tout en restreignant certaines libertés individuelles pour garantir la sécurité. Cependant, cette mesure fait également l’objet de critiques, notamment en ce qui concerne ses effets sur la vie quotidienne des habitants et les droits de l’homme dans ces régions.
Le gouvernement congolais et les députés insistent sur la nécessité de renforcer les capacités militaires et de poursuivre les efforts de désarmement, tout en rappelant que la prorogation vise avant tout à protéger la population civile contre les attaques des groupes armés, et non à restreindre les libertés fondamentales de manière arbitraire.
Ce renouvellement de l’état de siège sera scruté de près, tant au niveau national qu’international, alors que les autorités congolaises continuent de chercher des solutions durables à la crise sécuritaire qui touche le pays depuis de nombreuses années.
Abiël Bushoki