
Le ministère de la Culture, des Arts et du Patrimoine a rendu un vibrant hommage à l’écrivain, philosophe et critique congolais Valentin-Yves Mudimbe, décédé le mardi 22 avril 2025 en Caroline du Nord, aux États-Unis. Dans un communiqué publié le soir du mercredi 23 avril, le ministère salue la mémoire d’« un penseur audacieux et humaniste ».
« Philosophe et écrivain, il a examiné les enjeux d’identité et de culture dans un monde postcolonial, avec des œuvres marquantes comme L’Invention de l’Afrique. Nous rendons hommage à sa contribution exceptionnelle à la pensée critique et à la littérature », peut-on lire dans cette première déclaration officielle.
Mudimbe laisse derrière lui une œuvre intellectuelle monumentale, forgée dans la critique rigoureuse des paradigmes occidentaux appliqués à l’Afrique. Son travail s’est attaché à déconstruire ce qu’il appelait la bibliothèque coloniale, cet ensemble de récits, concepts et catégories forgés par l’Occident pour penser – et souvent essentialiser – le continent africain. À travers ses écrits, il a réaffirmé la nécessité pour les Africains de repenser leur histoire, leur culture et leur place dans le monde selon leurs propres termes.
Né au Congo, Mudimbe a entamé sa carrière littéraire avec Entre les eaux (1973), un roman qui posait déjà les jalons de ses réflexions sur l’identité. Il s’est ensuite imposé comme une figure incontournable de la critique postcoloniale avec des ouvrages tels que Le Bel Immonde (1976), L’Odeur du Père (1982), L’Invention de l’Afrique (1988) ou encore The Idea of Africa (1994). Son essai Tales of Faith (1997) explore quant à lui la dimension politique des pratiques religieuses en Afrique centrale.
Au-delà de son œuvre académique, Mudimbe était un penseur du dialogue interculturel, un défenseur du panafricanisme et un intellectuel engagé, dont les réflexions ont influencé plusieurs générations de chercheurs, écrivains et artistes sur le continent et au-delà.
« Il a défié les narrations dominantes, célébrant la richesse des cultures africaines et incitant à un dialogue fécond entre les savoirs », conclut le communiqué du ministère.
Le monde intellectuel perd une voix majeure, mais son héritage demeure vivant, au cœur des débats sur l’Afrique, la mémoire, la modernité et l’émancipation.
Mahindule Isaac Cumulus