
Depuis la chute de la ville de Goma entre les mains des rebelles du M23/RDF, la situation des enseignants du territoire de Rutshuru est devenue préoccupante. Ces derniers n’ont pas perçu leurs salaires depuis trois mois, une situation qui met en péril leur survie et celle de leurs familles.
Selon les informations recueillies, le blocage des paiements est attribué à l’organisation CARITAS/Goma, chargée de la gestion des salaires des enseignants de la région. Depuis janvier, les fonds ne leur ont pas été versés, plongeant ces éducateurs dans une précarité grandissante.
« Nous sommes abandonnés à notre sort. Comment peut-on assurer l’éducation de nos enfants si nous-mêmes nous sommes privés de nos moyens de subsistance ? » s’interroge un enseignant sous anonymat.
Face à cette crise financière, plusieurs établissements scolaires ont dû fermer leurs portes, privant des milliers d’élèves de leur droit à l’éducation. La continuité pédagogique est gravement compromise, surtout pour les élèves finalistes qui doivent passer les examens d’État.
Les enseignants de Rutshuru appellent à une action immédiate des autorités et des partenaires éducatifs. Ils réclament notamment que leur salaire leur soit versé via des plateformes de paiement mobile telles qu’Airtel Money, M-Pesa ou Orange Money, afin de contourner les obstacles logistiques liés au conflit.
Par ailleurs, face à la vulnérabilité des parents vivant dans les zones sous occupation rebelle, ils demandent la suppression ou la prise en charge des frais de participation aux examens d’État pour les élèves finalistes. Une mesure qui permettrait de ne pas pénaliser davantage une jeunesse déjà éprouvée par la guerre.
Les enseignants et les acteurs de la société civile exhortent le gouvernement congolais à assumer ses responsabilités en garantissant la continuité des paiements et en mettant en place des mesures d’urgence pour soutenir le secteur éducatif dans cette région en crise.
Dans l’attente d’une réponse des autorités, l’éducation des enfants de Rutshuru demeure suspendue à une issue incertaine, rendant l’avenir de milliers d’élèves de plus en plus précaire.
Abiël Bushoki