
Une lueur d’espoir a traversé les murs de la prison centrale de Kangbayi ce mardi, avec la libération de 117 détenus, dont 74 militaires, dans le cadre de la grâce présidentielle accordée par les autorités congolaises. La cérémonie solennelle, empreinte d’émotion, s’est tenue en présence du gouverneur militaire du Nord-Kivu, de plusieurs hauts responsables civils et militaires, ainsi que d’une délégation du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH).
Cette libération s’inscrit dans une dynamique nationale de désengorgement des prisons, alors que la surpopulation carcérale constitue un problème aigu en République démocratique du Congo. À la date de cette opération, l’établissement pénitentiaire de Beni accueillait 1 573 détenus pour une capacité initiale de seulement 250 places. Parmi eux, 374 sont des condamnés, dont huit femmes, les autres étant en détention préventive parfois prolongée au-delà des délais légaux.
Au-delà de la libération des détenus, la cérémonie a également été marquée par un geste fort en direction des prisonniers restés à Kangbayi : le gouverneur du Nord-Kivu a remis dix vaches à la prison, une initiative destinée à améliorer l’alimentation des détenus. Ce don s’ajoute à des distributions précédentes de vivres, alors que la prison a enregistré plus de 80 décès en 2024, dus principalement aux conditions de vie précaires, à la malnutrition et à l’insuffisance des soins de santé.
Pour de nombreuses organisations de défense des droits humains, cette grâce présidentielle constitue un pas important vers un meilleur respect des droits des personnes privées de liberté. Le BCNUDH, présent sur les lieux, a salué une mesure qui, selon ses représentants, va dans le sens des recommandations internationales en matière de dignité et de justice pénitentiaire.
Cependant, cette initiative, bien que salutaire, ne saurait résoudre à elle seule la crise carcérale congolaise. Les infrastructures pénitentiaires, souvent vétustes et sous-financées, peinent à garantir des conditions de détention conformes aux standards. De nombreux détenus croupissent encore dans les geôles du pays sans jugement, parfois pour des infractions mineures ou dans le cadre de procédures entachées d’irrégularités.
Dans ce contexte, les autorités sont appelées à poursuivre les réformes structurelles du système judiciaire et pénitentiaire, afin que la grâce présidentielle ne soit pas une solution ponctuelle, mais le déclencheur d’un changement durable.
Abiël Bushoki