
Le groupement de Mbinga-Nord, dans le territoire de Kalehe (Sud-Kivu), fait actuellement face à une crise alimentaire inquiétante, selon une alerte lancée ce 30 juin 2025 par la Synergie des organisations locales de lutte contre la faim et la pauvreté (SOLFAP).
Cette plateforme, qui regroupe 303 organisations paysannes représentant plus de 9 000 ménages agricoles, s’inquiète de la dégradation rapide des conditions de vie dans cette partie du territoire, autrefois considérée comme un grenier agricole local.
Habamungu Bodson, coordonnateur de SOLFAP et président de la société civile du village Bubale 2/Mukwidja, explique que cette insécurité alimentaire est le résultat de plusieurs facteurs conjugués. « Entre autres, le pillage des récoltes et du bétail lors des affrontements entre les FARDC et les rebelles de l’AFC/M23, l’incapacité des petits producteurs à constituer des banques de semences, et l’interruption des activités des éleveurs », a-t-il déclaré.
Il souligne également la problématique de l’accès limité aux terres arables, souvent monopolisées par de grands concessionnaires peu enclins à collaborer avec les agriculteurs locaux. À cela s’ajoute l’absence d’organisations humanitaires actives dans le secteur agri-élevage au niveau local, ce qui aggrave davantage la vulnérabilité des populations.
Selon SOLFAP, les conséquences sont déjà visibles : « La famine touche un nombre croissant de ménages vulnérables. Beaucoup ne parviennent à consommer qu’un seul repas par jour, ce qui contribue à la montée de la malnutrition et de la pauvreté dans la communauté », alerte Habamungu Bodson.
Face à cette situation, la plateforme paysanne formule plusieurs recommandations urgentes à différents niveaux de responsabilité :
- Que les autorités politico-militaires de l’AFC/M23 initient une politique locale de relance agricole.
- Que le chef de groupement de Mbinga-Nord et le Comité de Développement du Groupement (CDG) engagent un plaidoyer auprès des grands concessionnaires pour faciliter l’accès aux terres par les paysans.
- Que les concessionnaires rendent les conditions d’exploitation de leurs terres plus souples et inclusives.
- Que les organisations paysannes adoptent les bonnes pratiques agricoles et renforcent l’approche AVEC (Association Villageoise d’Épargne et de Crédit) pour favoriser l’autonomisation financière et l’accès au crédit agricole.
- Que les ONG humanitaires intervenant dans la zone de santé de Minova étendent leurs activités au groupement de Mbinga-Nord.
La SOLFAP en appelle à une réponse rapide et coordonnée, afin d’éviter une crise humanitaire d’ampleur dans cette région déjà fragilisée par les conflits armés et les tensions foncières persistantes.
Mahindule Isaac Cumulus