
Face à l’escalade du conflit dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), les chefs d’État des pays membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) se sont réunis ce samedi en Tanzanie. Ce sommet conjoint vise à harmoniser les stratégies de ces deux blocs régionaux pour mettre fin aux violences qui secouent la province du Nord-Kivu et celle du Sud-Kivu principalement.
Annoncé initialement sur place, le président congolais Félix Tshisekedi a finalement suivi les travaux à distance depuis Kinshasa. Il a délégué la Première ministre Judith Suminwa, qui a porté la voix de la RDC auprès des dirigeants présents à Dar es Salaam. Cette réunion marque une tentative de coordination entre l’EAC et la SADC, qui ont jusqu’ici mené des initiatives séparées, souvent sans résultats probants.
Les principales résolutions du sommet
Après plusieurs heures de discussions, les chefs d’État ont formulé une série de recommandations destinées à apaiser les tensions et favoriser une sortie de crise en RDC :
– Un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel de toutes les parties impliquées dans le conflit.
– La réouverture de l’aéroport de Goma afin de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.
– Le rapatriement des dépouilles et la prise en charge des blessés victimes des affrontements récents.
– Un engagement dans un dialogue inclusif pour une résolution durable du conflit.
– La relance des processus de Nairobi et de Luanda, avec un accent particulier sur la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais.
– Un dialogue avec les groupes armés non étatiques, notamment le M23, en vue d’une désescalade.
– Lutter contre les discours de haine et les incitations à la violence, qui attisent les tensions dans la région.
Ces décisions, bien que globales, doivent encore être mises en œuvre sur le terrain, ce qui dépendra de la volonté des parties prenantes au conflit.
Un appel à une solution diplomatique
Le président kenyan William Ruto, président en exercice de l’EAC, a insisté sur la complexité du conflit, soulignant que la crise en RDC ne saurait être résolue par la seule force militaire :
« Le conflit en RDC est profond, ancien et multidimensionnel. Il implique divers acteurs poursuivant des intérêts divergents. L’histoire, l’économie et la politique s’y entrecroisent, et ses répercussions dépassent les frontières nationales. Nous devons éviter de croire que la solution est uniquement militaire. Une approche diplomatique globale est la seule voie vers une paix durable. »
De son côté, le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, président en exercice de la SADC, a réaffirmé l’engagement de l’organisation à soutenir la RDC, appelant toutes les forces sur le terrain à déposer les armes :
« La SADC continuera de jouer un rôle actif pour ramener une paix durable en RDC. Nous devons aborder cette question avec ouverture et engagement. Le M23 doit cesser immédiatement toute avancée militaire, et les Forces armées de la RDC doivent éviter toute mesure de représailles qui prolongerait les hostilités. »
Museveni prône un dialogue direct entre Tshisekedi et les groupes armés
L’un des moments marquants du sommet a été l’intervention du président ougandais Yoweri Museveni, qui a plaidé pour un dialogue direct entre Félix Tshisekedi et les groupes armés actifs dans l’Est du pays.
« Ma proposition reste la même : le président Tshisekedi doit s’adresser directement aux groupes armés qui combattent sur son territoire. Ce conflit concerne toute la région, et ce sommet est l’occasion idéale pour amorcer une discussion sincère. »
Une déclaration qui a suscité des réactions contrastées, certains y voyant une tentative d’apaisement, tandis que d’autres estiment que le gouvernement congolais ne peut pas négocier avec des groupes soutenus par des puissances étrangères.
Un sommet décisif, mais des défis persistants
La réunion de Dar es Salaam illustre la volonté des États de la région de conjuguer leurs efforts pour résoudre la crise congolaise. Toutefois, plusieurs défis demeurent :
– L’application effective du cessez-le-feu, alors que les affrontements entre le M23 et l’armée congolaise se poursuivent.
– Le rôle du Rwanda, accusé de soutenir les rebelles du M23, et qui n’a pas encore clarifié sa position face aux nouvelles recommandations.
– La coordination entre l’EAC et la SADC, dont les stratégies ont parfois divergé par le passé.
Si ce sommet marque une étape importante, la paix dans l’Est de la RDC dépendra surtout de la mise en œuvre concrète des décisions prises. La communauté internationale, de son côté, est appelée à jouer un rôle actif pour soutenir ces efforts de stabilisation.
La rencontre de Dar es Salaam a réaffirmé l’engagement des États membres de l’EAC et de la SADC à résoudre la crise dans l’Est de la RDC. Cependant, la question clé reste la traduction de ces engagements en actions concrètes sur le terrain. L’avenir nous dira si ce sommet marquera un tournant ou s’il ne restera qu’un énième rendez-vous diplomatique sans réel impact.
La rédaction
Museveni, Museveni,Museveni
Toi et Kagamé vous aurez cette terre après avoir verser la dernière goûté du sang congolais