
Dans une récente déclaration accordée à Jeune Afrique, le président rwandais Paul Kagame a réitéré sa fermeté face aux pressions internationales. Il a dénoncé ce qu’il considère comme de l’hypocrisie de la part de certains pays européens, notamment la Belgique, qu’il accuse d’être directement impliqués dans l’aggravation de la crise sécuritaire qui secoue la région des Grands Lacs.
Paul Kagame a vivement critiqué les menaces de sanctions internationales contre le Rwanda, affirmant qu’elles ne dissuaderaient pas son gouvernement de poursuivre sa politique sécuritaire. Il a particulièrement fustigé l’attitude de l’Europe, qu’il accuse de jouer un double jeu en condamnant officiellement les violences tout en favorisant, selon lui, des actions qui contribuent à l’instabilité régionale.
Le président rwandais a également dénoncé le recours du gouvernement congolais à des mercenaires européens, insinuant que ces derniers ne feraient qu’exacerber la situation au lieu de la résoudre. Selon lui, l’Europe ne peut pas se présenter comme un acteur neutre alors qu’elle serait une partie prenante du conflit à travers son soutien militaire indirect.
Dans sa déclaration, Kagame s’en est pris directement au président congolais Félix Tshisekedi, lui reprochant de privilégier une approche militaire au détriment du dialogue. Il a notamment critiqué la décision de Kinshasa de chercher un soutien militaire au Tchad plutôt que de tenter de négocier une solution politique.
Selon le chef d’État rwandais, la gestion de la crise par la RDC serait motivée par des considérations électorales et stratégiques visant à maintenir le pouvoir en exploitant les tensions ethniques. Kagame a accusé le gouvernement congolais de persécuter certaines communautés ethniques, en particulier celles ayant des liens culturels avec le Rwanda, et d’accaparer les ressources nationales au profit d’un cercle restreint.
Paul Kagame a également exprimé une certaine sympathie pour le Mouvement du 23 Mars (M23), un groupe armé actif dans l’est de la RDC et accusé par plusieurs organisations internationales d’exactions contre les populations civiles. Selon lui, le M23 ne serait pas une force déstabilisatrice mais plutôt une organisation défendant une population « persécutée et déplacée ».
Paul Kagame a affirmé qu’il privilégierait la lutte contre ce qu’il considère comme une menace existentielle pour le Rwanda, quitte à s’attirer les foudres de la communauté internationale. Il a déclaré que son pays ne céderait pas aux pressions et qu’il continuerait à défendre ses intérêts stratégiques, quelles qu’en soient les conséquences.
Alors que la situation sécuritaire dans l’est de la RDC demeure critique et que les tensions diplomatiques entre Kigali et Kinshasa ne cessent de s’intensifier, cette nouvelle sortie du président rwandais confirme que le dialogue entre les deux pays reste une perspective lointaine.
La rédaction