
La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) ont présenté, ce lundi 3 février, un projet de sortie de crise visant à restaurer la paix à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) sans recours à la violence.
Cette initiative, portée par le Cardinal Fridolin Ambongo et le Révérend André-Gédéon Bokundoa, a été soumise au Président Félix Tshisekedi lors d’une rencontre à la Cité de l’Union Africaine.
Face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est du pays, notamment avec la prise de Goma par les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise, les chefs religieux ont insisté sur l’urgence de renforcer l’unité nationale. Mgr Donatien Nshole, Secrétaire général de la CENCO, a souligné que cette démarche s’inscrivait dans une logique de pacification et de mobilisation citoyenne en faveur de la paix.
« Les deux Églises ont pris l’initiative de concevoir ce projet de sortie de crise que nous avons présenté ce jour au Chef de l’État. Il l’a reçu avec beaucoup d’attention, l’a apprécié et nous a encouragés. C’est un projet louable », a déclaré Mgr Nshole à l’issue de l’entretien avec Félix Tshisekedi à en croire nos confrères de Actualité.cd.
Le projet, intitulé « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs », vise à fédérer les Congolais autour d’un cadre de dialogue national et régional. Son objectif est de créer un consensus entre les différentes parties prenantes afin de trouver une solution durable à la crise sécuritaire qui frappe l’Est du pays depuis des décennies.
Interrogé sur le contenu précis du plan, Mgr Nshole est resté discret, indiquant simplement qu’il s’agissait d’une approche garantissant une sortie de crise « sans bain de sang ». De son côté, le Secrétaire général de l’ECC, le Pasteur Nsenga Éric, a rappelé que leur démarche ne consistait pas à désigner des coupables, mais plutôt à bâtir un avenir commun fondé sur les valeurs congolaises.
« À cette étape des événements, les deux Églises ont estimé qu’il est important d’amener des propositions concrètes susceptibles de créer un consensus national. L’approche qui est la nôtre n’est pas de savoir qui est le démon et qui est l’ange, mais de voir comment nous construisons ensemble sur la base de nos valeurs », a-t-il affirmé.
Le lancement de cette initiative intervient alors que plusieurs démarches diplomatiques régionales semblent au point mort. Pendant ce temps, la coalition M23-AFC-RDF continue de progresser sur le terrain, mettant en péril la stabilité du Nord-Kivu. La prise de Goma par ces forces rebelles a exacerbé la crise humanitaire, plongeant des milliers de civils dans la détresse.
Félix Tshisekedi, tout en accueillant favorablement la proposition des chefs religieux, a réaffirmé sa détermination à reconquérir les zones occupées. Une riposte militaire est en préparation, mais le Chef de l’État n’exclut pas les solutions alternatives susceptibles de favoriser un retour rapide à la paix.
Le projet des Églises Catholique et Protestante parviendra-t-il à inverser la tendance et à ouvrir une voie vers la désescalade ? L’avenir nous le dira, mais cette initiative rappelle l’importance du rôle des leaders religieux dans la recherche de solutions aux conflits qui déchirent la RDC.
La rédaction