
La crise sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) continue d’alimenter les tensions diplomatiques internationales. Le Canada a récemment annoncé une série de sanctions à l’encontre du Rwanda, en réponse à l’implication présumée de ce dernier dans le soutien au M23. Une décision qui a immédiatement suscité une réaction virulente de Kigali.
Dans un communiqué officiel, le gouvernement canadien a déclaré la suspension de plusieurs engagements bilatéraux avec le Rwanda, notamment :
– L’arrêt de l’octroi de licences pour l’exportation de marchandises et de technologies contrôlées vers Kigali.
– Le gel des nouvelles initiatives commerciales entre les deux États.
– Une réévaluation de la participation du Canada aux événements internationaux organisés par le Rwanda.
Ces mesures s’inscrivent dans un contexte de pressions croissantes exercées par la communauté internationale sur Kigali, accusé par plusieurs rapports des Nations unies de soutenir activement le M23. En adoptant ces sanctions, Ottawa emboîte le pas aux États-Unis et à l’Union européenne, qui ont déjà exprimé leurs préoccupations face au rôle présumé du Rwanda dans la déstabilisation de la RDC.
En réaction, le gouvernement rwandais a publié ce mardi 4 mars 2025 un communiqué officiel dénonçant la décision canadienne. Kigali y rejette catégoriquement les accusations portées à son encontre et fustige ce qu’il considère comme une instrumentalisation du conflit par la communauté internationale.
« Le Rwanda prend note de la déclaration d’Affaires mondiales Canada sur la situation dans l’Est de la RDC et trouve inacceptable l’attribution diffamatoire au Rwanda d’atrocités présumées. Nous demanderons des clarifications à ce sujet auprès du gouvernement canadien. »
Le communiqué accuse également Ottawa de partialité, estimant que le Canada ignore les exactions commises par l’armée congolaise (FARDC) et ses alliés, notamment les groupes d’autodéfense Wazalendo et les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
« Le Canada ne peut prétendre soutenir les efforts régionaux de paix tout en attribuant systématiquement toutes les violations au Rwanda, sans tenir le gouvernement de la RDC pour responsable. »
Kigali rappelle son engagement dans les processus de médiation dirigés par l’Union africaine et souligne que les sanctions imposées ne contribueront pas à résoudre la crise.
Cette nouvelle décision du Canada marque un durcissement des positions occidentales vis-à-vis du Rwanda, dont le rôle dans le conflit congolais est de plus en plus dénoncé sur la scène internationale. Reste à savoir si cette pression diplomatique portera ses fruits ou si, au contraire, elle envenimera davantage les relations entre Kigali et ses partenaires.
Ntumba Chiyoyo