
Le Président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a accueilli, mardi 25 février 2025, à la Cité de l’Union africaine le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan. Cette rencontre intervient dans un contexte marqué par une escalade de la violence dans l’Est du pays, notamment avec la prise de Goma par le Mouvement du 23 mars (M23) et les Forces rwandaises de défense (FRD) en janvier 2025.
Lors de leurs échanges, les deux dirigeants ont abordé la crise sécuritaire et humanitaire qui sévit dans les provinces orientales de la RDC. Le Procureur Khan a réaffirmé l’engagement de la CPI à enquêter sur les crimes perpétrés dans les zones sous contrôle du M23 et des ADF. Un appel à témoins a été lancé pour collecter des preuves relatives aux crimes de guerre, crimes contre l’humanité et actes de génocide, afin de traduire les responsables en justice.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du protocole d’accord signé entre la CPI et la RDC en juin 2023, visant à renforcer la coopération judiciaire et à soutenir les efforts nationaux en matière de poursuites. Le Professeur Taylor Lubanga, chargé du suivi de cette coopération, a indiqué que l’un des principaux points à l’ordre du jour est la création d’une Cour pénale spéciale pour la RDC. Cette juridiction permettrait de juger localement les auteurs de crimes graves, en complément des actions menées par la CPI.
Parallèlement, une Conférence internationale sur la paix, la sécurité et la justice est prévue en avril prochain à Kinshasa. Cette rencontre réunira divers acteurs nationaux et internationaux pour examiner les causes profondes de l’instabilité persistante dans l’Est du pays et proposer des solutions durables.
La situation à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, est particulièrement préoccupante. Depuis la prise de la ville par le M23 et les FRD fin janvier 2025, les combats ont causé la mort de près de 3 000 personnes, selon les Nations unies. Les infrastructures médicales sont débordées, et des milliers d’habitants ont été contraints de fuir leurs foyers, aggravant une crise humanitaire déjà sévère. De plus, des incidents tragiques, tels que l’incendie de la prison centrale de Munzenze, ont entraîné la mort de 181 personnes et le viol de 160 détenues, selon des rapports de l’ONU.
Face à cette situation alarmante, le Président Tshisekedi a appelé à une mobilisation nationale et internationale pour restaurer la paix et la sécurité dans l’Est de la RDC. La collaboration renforcée entre la RDC et la CPI, ainsi que les initiatives prévues, représentent des étapes cruciales vers la fin de l’impunité et la restauration de l’État de droit dans le pays.
Ntumba Chiyoyo