
Dans une déclaration inattendue, publiée à seulement trois jours de la fin de son mandat, l’administration Biden a suscité une onde de choc en République démocratique du Congo (RDC). Le communiqué du Département d’État américain exhorte le gouvernement congolais à engager des pourparlers avec tous les groupes armés, y compris le M23, une faction rebelle accusée de graves exactions et soutenue par le Rwanda selon plusieurs rapports internationaux. Cette prise de position soulève des questions, car elle semble alignée sur les discours de Kigali, longtemps défendus par le régime de Paul Kagame.
Cette annonce intervient dans un contexte tendu, où Kinshasa lutte pour stabiliser l’est du pays, en proie à des violences perpétrées par des groupes armés. La demande américaine de négociations avec le M23 est perçue comme une trahison par de nombreux Congolais, qui espéraient un soutien ferme contre les ingérences étrangères et les actions déstabilisatrices de cette milice. En RDC, des voix dénoncent une position qui, selon eux, pourrait affaiblir davantage le gouvernement face à des acteurs armés récalcitrants et exacerber la méfiance envers les intentions américaines dans la région.
Ce communiqué, publié à la veille de la transition présidentielle aux États-Unis, suscite des interrogations sur sa portée stratégique et son timing. Alors que le partenariat entre Washington et Kinshasa semblait renforcé ces dernières années, cet appel à négocier pourrait mettre à mal cette dynamique. La RDC, qui accuse le Rwanda de soutenir le M23, voit dans cette déclaration une validation implicite de la rhétorique rwandaise, laissant planer le doute sur la neutralité de la diplomatie américaine dans ce conflit.
Munguiko Masudi Olivier