
La rencontre entre les présidents Félix Tshisekedi de la République Démocratique du Congo (RDC) et Paul Kagame du Rwanda, facilitée par l’émir Tamim Ben Hamad Al Thani du Qatar, continue de faire des vagues. Cette initiative diplomatique, qui s’est tenue à Doha, soulève des interrogations, notamment en raison de l’annulation des pourparlers prévus en Angola entre Kinshasa et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), un événement qui devait se dérouler le même jour.
Une réaction partagée en Angola
Du côté de Luanda, la capitale angolaise, l’initiative suscite à la fois surprise et prudence. Tete Antonio, ministre des Affaires étrangères angolais, a exprimé son étonnement, soulignant que bien que tous les efforts en faveur de la paix soient les bienvenus, il reste impératif de privilégier des solutions africaines pour résoudre des problèmes africains. « Nous saluons toute initiative visant à résoudre les conflits, mais il est crucial que ces solutions viennent d’Afrique pour être pleinement efficaces », a-t-il déclaré dans un entretien avec la presse locale.
Cette position s’inscrit dans un contexte où l’Angola, tout en étant un acteur clé de la diplomatie régionale, fait part de ses réserves face à la médiation d’un acteur extérieur. Selon Tete Antonio, le président angolais João Manuel Gonçalves Lourenço a également manifesté son étonnement face à l’implication du Qatar, un pays étranger, dans cette médiation.
L’échec des pourparlers en Angola : un coup dur pour la diplomatie régionale
Le 20 mars 2025 devait marquer un moment crucial pour la diplomatie angolaise, avec la tenue de pourparlers directs à Luanda entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23. Toutefois, ces négociations ont été suspendues à la dernière minute. Le groupe rebelle, soutenu par Kigali selon Kinshasa et des rapports de l’ONU, a refusé de se rendre en Angola, invoquant les sanctions imposées par l’Union européenne contre plusieurs de ses dirigeants. Ces sanctions, que le M23 considère comme un obstacle majeur à la reprise du dialogue, ont entravé les discussions, malgré les efforts pour parvenir à une solution politique.
En revanche, la délégation congolaise a respecté l’engagement pris, se rendant à Luanda comme prévu, une preuve de la volonté du gouvernement de participer à la recherche d’une sortie de crise.
La situation sur le terrain : un climat toujours tendu
Sur le terrain, la situation reste extrêmement volatile. Les affrontements entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 continuent de faire des ravages dans l’Est de la RDC, mettant à mal les efforts diplomatiques en cours. Les violences exacerbent les tensions entre les deux nations voisines, malgré les appels répétés à une désescalade.
La médiation de l’Angola : un espoir pour relancer le dialogue ?
Alors que la communauté internationale surveille de près les évolutions diplomatiques, le rôle de l’Angola reste crucial. Si la rencontre à Doha entre Tshisekedi et Kagame constitue un pas en avant, l’issue du conflit dépendra en grande partie de la capacité du médiateur angolais à relancer un dialogue constructif. Le défi est de taille, car l’absence des rebelles du M23 à Luanda montre les obstacles persistants, non seulement diplomatiques mais aussi sur le plan de la confiance.
En attendant, les tensions restent vives dans la région, et les regards sont tournés vers les prochaines étapes de cette crise complexe, avec une pression croissante pour éviter une escalade qui pourrait déstabiliser davantage toute la région des Grands Lacs. La question demeure : cette médiation pourra-t-elle permettre de rompre le cycle de violence et ouvrir la voie à une paix durable ?
Mahindule Isaac