
Une scène d’une rare violence a secoué le quartier d’Irambo, à Bukavu, dans la soirée du lundi. Patrick Ngalas, arbitre bien connu au sein de l’Entente Urbaine de Football de la ville, a été sauvagement pris à partie par une foule en furie, après avoir été accusé de vol. Il a été lynché avant d’être brûlé vif.
Selon des témoins sur place, aucun élément tangible n’aurait été présenté pour justifier l’accusation portée contre la victime. L’émotion et la colère ont néanmoins rapidement enflammé le quartier, conduisant à un acte de barbarie qui soulève une vague d’indignation dans la ville.
Ce drame intervient dans un contexte de tension croissante à Bukavu, où l’insécurité urbaine ne cesse de s’aggraver. Cambriolages, agressions nocturnes et vols à main armée se multiplient, nourrissant un climat de méfiance et de peur. Dans plusieurs quartiers, les habitants dénoncent l’inefficacité des forces de l’ordre et le sentiment d’abandon par l’État.
« Nous vivons dans l’angoisse permanente. Et quand les autorités ne réagissent pas, certaines personnes choisissent la loi du talion », confie un habitant d’Irambo, visiblement bouleversé par la scène.
L’incident relance un débat sensible : celui de la justice populaire, une pratique illégale mais persistante dans plusieurs régions du pays. Souvent motivée par l’impatience ou la défiance vis-à-vis de la justice officielle, elle se traduit par des exécutions sommaires, parfois à tort, dans l’indifférence des autorités.
Les autorités provinciales n’ont pas encore officiellement réagi à cet acte tragique, mais des voix s’élèvent déjà au sein de la société civile pour réclamer une enquête approfondie et des sanctions exemplaires contre les instigateurs de ce lynchage.
En attendant, la ville de Bukavu pleure la perte d’un de ses acteurs du monde sportif et s’interroge : jusqu’où ira l’impunité, et qui protégera encore les innocents face à la violence collective ?
Abiël Bushoki