
Le représentant spécial de l’Union européenne (UE) pour la région des Grands Lacs, Johan Borgstam, a effectué une visite en République démocratique du Congo (RDC) du 2 au 5 mars 2025. Cette mission s’inscrit dans le cadre du soutien de l’UE aux initiatives régionales pour la paix et la stabilité dans l’Est de la RDC, où sévit la guerre du M23 soutenue par le Rwanda, selon plusieurs rapports des Nations unies.
Lors de son séjour à Kinshasa, Johan Borgstam a rencontré, mardi 4 mars, le président Félix Tshisekedi. Cette rencontre, qui marque sa quatrième visite en six mois, visait à renforcer le dialogue entre Bruxelles et Kinshasa sur la crise sécuritaire en cours.
S’exprimant sur la position de l’UE vis-à-vis du conflit, Johan Borgstam a fermement rejeté toute accusation de « double standard » dans l’appréciation des agressions internationales. Face aux critiques comparant la réaction de l’UE à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et son attitude vis-à-vis de l’intervention rwandaise en RDC, il a réitéré un principe fondamental :
« Le respect du droit international doit être une priorité partout dans le monde. »
Selon Radio France Internationale (RFI), Johan Borgstam a transmis ce message au président rwandais Paul Kagame lors d’une récente rencontre, insistant sur l’importance d’un engagement impartial en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.
Interpellé sur la question des sanctions contre les responsables du soutien au M23, Johan Borgstam a indiqué que l’UE avance avec prudence mais fermeté. Il a rappelé que le 24 février dernier, les États membres de l’UE ont pris une décision politique visant à préparer une liste de sanctions individuelles contre les auteurs et soutiens de l’instabilité dans l’Est de la RDC.
Néanmoins, contrairement aux mesures américaines ou onusiennes, les sanctions européennes nécessitent un processus juridique rigoureux. Selon Nicolas Berlanga Martinez, ambassadeur de l’UE en RDC, ce processus prend généralement entre deux et trois semaines avant une adoption définitive.
L’un des points sensibles abordés lors des discussions concerne l’aéroport international de Goma, actuellement sous le contrôle de la coalition AFC/M23. Cette situation, dénoncée par Kinshasa et plusieurs organisations humanitaires, empêche toute opération logistique et humanitaire dans une région où des centaines de milliers de déplacés vivent dans une précarité extrême.
Johan Borgstam a confirmé avoir évoqué ce sujet avec les autorités rwandaises, tout en reconnaissant que ni le gouvernement congolais, ni la Monusco ne disposent d’un accès à l’aéroport.
« À ce stade, aucune solution aérienne n’est envisageable pour desservir Goma. La seule alternative reste un passage par Nairobi, suivi d’un convoi terrestre. »
Si l’UE a clarifié sa position en faveur du respect du droit international et de la souveraineté de la RDC, Kinshasa attend désormais des actes concrets en matière de sanctions et de pressions diplomatiques contre Kigali.
La rédaction