
Des troupes de l’armée ougandaise (UPDF) ont franchi la frontière et fait leur entrée officielle à Mahagi, territoire situé à environ 160 km de Bunia, ce samedi 1ᵉʳ mars 2025. Cette présence militaire étrangère, bien que justifiée par les autorités congolaises dans le cadre de la mutualisation des forces, suscite des interrogations au sein de la population.
Selon nos confrères de 7sur7.cd, l’entrée des soldats ougandais à Mahagi s’est effectuée par la barrière d’Anzida, principal poste frontalier avec l’Ouganda. Selon le porte-parole de l’armée congolaise (FARDC) en Ituri, leur déploiement s’inscrit dans le cadre d’un accord bilatéral entre le président Félix Tshisekedi et son homologue Yoweri Museveni.
« Nous confirmons l’arrivée des troupes ougandaises, dans un cadre légal de mutualisation des forces, à l’instar de ce qui a été observé à Boga et Bunia. Ce déploiement vise à renforcer la lutte contre les groupes armés qui déstabilisent la région. »
L’armée congolaise tente ainsi de rassurer la population en insistant sur le caractère encadré et contrôlé de cette collaboration militaire.
Malgré ces explications, une certaine crainte subsiste parmi les habitants de Mahagi et de l’Ituri en général. Cette méfiance s’explique par plusieurs éléments :
1. Les tensions historiques entre la RDC et l’Ouganda. L’armée ougandaise a été impliquée dans des conflits sur le sol congolais par le passé, notamment lors des guerres de 1996 et 1998, et son rôle en RDC reste un sujet sensible.
2. Le récent message controversé du fils de Museveni. En février, Muhoozi Kainerugaba, chef d’état-major de l’armée ougandaise, avait déclaré que les UPDF prendraient le contrôle de Bunia, un message qui avait suscité la psychose parmi la population locale.
3. Le déploiement progressif des UPDF en RDC. Depuis leur entrée en 2021 pour traquer les ADF dans le Nord-Kivu et l’Ituri, les troupes ougandaises étendent progressivement leur présence, soulevant des questions sur leurs réelles intentions à long terme.
D’après des sources locales, après leur entrée à Mahagi, les soldats ougandais se sont installés à l’aérodrome de Nzale, une position stratégique dans la région. Cette présence militaire suscite des interrogations sur les prochaines étapes de cette coopération.
L’arrivée des UPDF à Bunia le 18 février dernier avait déjà nécessité la venue du général Ndaywel, chef d’état-major de la force terrestre congolaise, pour harmoniser les vues entre les deux armées. La question reste donc de savoir jusqu’où ira cette collaboration et si elle ne risque pas d’évoluer vers une présence militaire prolongée et controversée de l’armée ougandaise en RDC.
Face aux craintes exprimées par la population, l’armée congolaise appelle à la sérénité et assure que les activités quotidiennes peuvent se poursuivre normalement.
« Nous demandons à la population de ne pas paniquer. Les troupes ougandaises ont été encadrées et accompagnées par les FARDC. Leur présence s’inscrit dans une mission conjointe pour la sécurité de la région. »
L’entrée des troupes ougandaises à Mahagi s’inscrit officiellement dans une dynamique de coopération militaire contre les groupes armés, mais elle ne manque pas de raviver des inquiétudes. Si les autorités congolaises assurent qu’il n’y a rien à craindre, la mémoire collective et les antécédents militaires entre les deux pays invitent à une surveillance accrue de cette présence étrangère. La population, quant à elle, reste partagée entre espoir d’un renforcement sécuritaire et peur d’un nouvel épisode d’ingérence militaire étrangère en RDC.
La rédaction