
Pour la première fois, le Conseil de sécurité des Nations unies a directement condamné le Rwanda pour son soutien aux éléments du M23, qui poursuivent leur avancée dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Dans une résolution adoptée à l’unanimité vendredi 21 février, les 15 membres du Conseil exigent le retrait immédiat et sans condition des troupes rwandaises du territoire congolais.
Jusqu’ici, le Conseil de sécurité s’était limité à dénoncer les violations de l’intégrité territoriale de la RDC sans désigner formellement Kigali. Cette nouvelle résolution, rédigée par la France et soutenue par l’ensemble des membres, marque donc un tournant décisif dans la reconnaissance internationale de l’implication du Rwanda dans le conflit congolais.
Le texte adopté « condamne fermement l’offensive et l’avancée en cours du M23 au Nord-Kivu et au Sud-Kivu avec le soutien des forces de défense rwandaises », dont la présence est estimée à environ 4 000 soldats selon des experts des Nations unies. Il réclame également le retrait des territoires occupés, notamment Goma et Bukavu, et appelle le Rwanda à « cesser immédiatement tout soutien au M23 et à retirer ses forces du territoire congolais sans préconditions ».
Depuis la reprise des hostilités en 2021, le M23 n’a cessé de gagner du terrain, s’emparant notamment de la ville stratégique de Goma fin janvier, puis de Bukavu sans rencontrer de résistance majeure. Le mouvement accusé par Kinshasa d’être un instrument du Rwanda pour accaparer les ressources minières de l’est congolais notamment l’or et le coltan bénéficie d’un appui logistique et militaire avéré de Kigali, selon de multiples rapports d’experts onusiens.
De son côté, le Rwanda continue de nier toute implication et justifie ses opérations par la nécessité de se protéger contre les milices hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé présent en RDC depuis le génocide de 1994 et accusé d’exactions contre les civils.
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a appelé à un « cessez-le-feu immédiat » lors d’un entretien avec le président kenyan William Ruto, soulignant l’urgence d’une solution diplomatique. La résolution exhorte d’ailleurs la RDC et le Rwanda à reprendre le dialogue en vue d’une désescalade.
Les autorités congolaises se sont félicitées de cette décision, espérant qu’elle favorisera un soutien accru de la communauté internationale pour contrer l’avancée du M23. En revanche, le Rwanda, par la voix de son ambassadeur, a déclaré « prendre acte » de la résolution, sans s’engager à s’y conformer.
Cette condamnation officielle du Rwanda par l’ONU pourrait marquer un tournant dans la gestion du conflit à l’est de la RDC. Reste à savoir si cette pression internationale suffira à infléchir la position de Kigali et à conduire à un véritable retrait des troupes rwandaises du territoire congolais. Dans le cas contraire, le risque d’une intensification du conflit demeure élevé, avec des conséquences humanitaires désastreuses pour la population de l’est de la RDC.
La rédaction