
Lors de la Conférence de sécurité de Munich, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a tenu des propos particulièrement incisifs en accusant son prédécesseur, Joseph Kabila, d’être le véritable instigateur de la rébellion du M23. Selon lui, l’ancien chef de l’État aurait orchestré cette insurrection en collaboration avec le Rwanda.
Devant un parterre de dirigeants et d’experts en sécurité internationale, Félix Tshisekedi n’a pas mâché ses mots. Il a pointé du doigt Joseph Kabila comme étant l’architecte de la résurgence du M23, un groupe armé qui déstabilise l’Est de la RDC depuis plusieurs années.
« Le véritable commanditaire de cette opposition armée qui agit en complicité avec le Rwanda se cache. Et ce commanditaire, c’est mon prédécesseur, Joseph Kabila. Mais il ne l’avoue pas et n’assume pas ses actes. » a déclaré le président congolais.
Félix Tshisekedi a également interpellé la communauté internationale, qu’il accuse de passivité face à l’implication du Rwanda dans le conflit en RDC. Il a exhorté les grandes puissances à sanctionner Kigali et à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à l’instabilité qui prévaut dans la région des Grands Lacs.
« Nous avons l’obligation de relever ce défi. Nous sommes déterminés à récupérer l’intégrité de notre territoire et nous y parviendrons. La communauté internationale a soutenu et aidé le Rwanda à devenir ce qu’il est aujourd’hui. Il lui incombe donc d’agir pour éviter l’extension du conflit dans la région. Mais nous n’allons pas rester passifs. Nous prendrons nos responsabilités. » a-t-il martelé.
Les accusations du président congolais n’ont pas tardé à susciter une réaction du clan Kabila. Cité par nos confrères de Actualités.cd, Barbara Nzimbi, conseillère en communication de l’ancien président, a dénoncé une tentative de diversion et une posture irresponsable de la part de Félix Tshisekedi.
« Le président Tshisekedi est plongé dans un profond déni, voyant l’ombre de Joseph Kabila partout. C’est une perte de temps et d’énergie pour lui, son gouvernement et nos vaillants FARDC qui se battent au péril de leur vie. Malheureusement, la première victime de ce déni est le peuple congolais. Celui qui est censé garantir sa sécurité préfère chercher des boucs émissaires au lieu d’apporter des solutions concrètes aux défis qui plongent le pays dans un chaos sans précédent. » a-t-elle déclaré.
De son côté, le Rwanda, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungihere, a répondu avec ironie aux accusations du président congolais.
« Et moi qui croyais que le M23 n’était qu’une « coquille vide », inventée de toutes pièces par le Rwanda. » a-t-il répliqué, insinuant ainsi que la RDC se contredit elle-même dans ses déclarations officielles.
Les déclarations de Félix Tshisekedi marquent un tournant dans le dossier du M23. En pointant du doigt son prédécesseur et en accusant ouvertement le Rwanda, le président congolais met la pression sur la scène internationale. Cette prise de position risque d’envenimer davantage les relations déjà tendues entre Kinshasa et Kigali, tout en ravivant les tensions politiques internes en RDC.
Alors que les tensions politiques s’intensifient, la situation sécuritaire dans l’Est du pays continue de se détériorer. Ce même vendredi 14 février, des sources locales rapportent que les rebelles du M23 ont pris le contrôle de l’aéroport de Kavumu et la ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu.
La rédaction