
Depuis le lundi 10 mars, de violents combats opposent les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par l’armée burundaise et les résistants Wazalendo, aux éléments de l’Alliance des forces pour le changement/M23 (AFC/M23) dans la chefferie de Kaziba, territoire de Walungu, situé à 50 km au sud-ouest de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu.
Les combats se sont poursuivis jusque dans la matinée de ce mardi 11 mars, marquant une intensification des hostilités dans cette zone clé.
Un contrôle disputé et des informations contradictoires
Jusqu’à la mi-journée de ce mardi, des sources locales contactées par Radio Okapi faisaient état d’informations contradictoires sur le contrôle effectif de Kaziba. Tandis que certains témoins affirment que les forces loyalistes maintiennent leurs positions, d’autres évoquent une avancée significative des combattants du M23, sans qu’une confirmation indépendante ne puisse être obtenue. Cette incertitude traduit l’intensité des combats en cours et la volatilité de la situation sur le terrain.
Selon le gouvernorat du Sud-Kivu installé à Uvira, environ une dizaine d’éléments du M23 ont été abattus lors de bombardements des Forces armées de la RDC (FARDC), lors des combats de ce lundi, à l’aérodrome de Minembwe, dans le haut plateau de Fizi et Uvira.
Le vice-gouverneur du Sud-Kivu, Jean Jacques Elakano, indique que cette opération a permis de détruire tous les aéronefs qui transportaient les éléments du M23-AFC en provenance de Bukavu.
Kaziba, une zone hautement stratégique
Le contrôle de Kaziba représente un enjeu majeur pour les belligérants. Pour le M23, cette avancée permettrait d’établir une jonction avec le mouvement Twiraneho-Android, un groupe rebelle soupçonné de liens étroits avec les forces du M23.
Cette perspective alimente les craintes du Burundi, qui redoute une consolidation des forces rebelles burundaises opérant dans les hauts plateaux du territoire de Fizi. L’armée congolaise partage ces inquiétudes, car une avancée du M23 vers Minembwe pourrait non seulement renforcer cette coalition rebelle, mais aussi ouvrir la voie vers la province du Tanganyika et la ville d’Uvira, exposant ainsi l’ensemble du Sud-Kivu à une déstabilisation accrue.
Un risque sécuritaire régional majeur
Si Uvira venait à tomber entre les mains des rebelles, cela représenterait une menace directe pour Bujumbura, la capitale burundaise, mais également pour la stabilité régionale. La coopération militaire entre la RDC et le Burundi s’explique par cette volonté de contenir toute expansion du M23 et de ses alliés vers le Sud.
Les prochaines heures seront cruciales pour l’évolution de la situation sur le terrain, alors que les forces loyalistes tentent de contenir cette offensive et d’empêcher un basculement stratégique en faveur des rebelles.
Vers une intensification des combats ?
L’issue de cette bataille pourrait redéfinir les équilibres militaires dans l’Est du pays. Une perte de Kaziba par les FARDC compliquerait davantage la situation sécuritaire dans le Sud-Kivu, déjà fragilisé par la présence de multiples groupes armés.
Dans ce contexte, la pression monte sur les forces gouvernementales et leurs alliés pour sécuriser cette région stratégique et éviter un effet domino qui pourrait avoir des conséquences au-delà des frontières congolaises.
Pascal Zirimwabagabo depuis Uvira