Un braquage d’une rare violence a secoué le district de Kavale ce mardi après-midi. Un véhicule de transport appartenant à l’agence Kivu Kwetu Transit, assurant la liaison entre Beni (RDC), Kampala et Goma, a été intercepté et dépouillé par un groupe d’hommes armés non identifiés, vêtus de tenues militaires.
Les faits se sont produits aux alentours de 15h. Selon les témoignages, les assaillants ont utilisé deux jeeps pour intercepter le véhicule de marque Noah : l’une a bloqué la route à l’avant, l’autre s’est placée à l’arrière. Sous la menace d’armes de guerre, les bandits ont forcé le chauffeur à quitter l’axe principal pour s’engager sur une voie secondaire isolée, où les passagers ont été systématiquement délestés de leurs biens.
« Ils nous ont dépouillés sans pitié. J’ai personnellement perdu plus de 15 000 dollars. Nous avons été abandonnés là, sans argent, sans aide », a confié l’un des passagers, encore sous le choc.
Aucune victime n’a été blessée physiquement, mais la peur et le traumatisme restent palpables chez les survivants de ce braquage à main armée.
Un climat d’insécurité qui dépasse les frontières
La majorité des passagers provenaient de Beni, une ville de l’est de la RDC, actuellement soumise à une insécurité grandissante et dont Goma, leur destination finale, reste partiellement contrôlée par les rebelles du M23. Ce climat tendu rend les civils particulièrement vulnérables, même au-delà des frontières congolaises.
Jean-Luc Mukanda, défenseur des droits humains au Nord-Kivu et actuellement en déplacement à Lubero, dénonce un acte « inqualifiable et inadmissible » :
« Ce peuple, déjà meurtri par des années de conflit, ne peut plus tolérer pareille insécurité, même en exil. Les autorités ougandaises doivent assumer leur responsabilité de protection sur tout leur territoire. »
Jean-Luc Mukanda interpelle également le Conseil de sécurité de l’ONU, l’exhortant à accélérer la mise en œuvre de la résolution 2773, adoptée lors de sa dernière session, et à garantir l’application stricte de l’accord du 27 juin dernier destiné à renforcer la paix dans la région des Grands Lacs.
Une coopération régionale en question
Ce nouvel incident relance le débat sur la coopération sécuritaire transfrontalière entre les pays de la région. Malgré plusieurs engagements bilatéraux et internationaux, les axes très fréquentés entre la RDC et l’Ouganda demeurent extrêmement dangereux.
L’absence de contrôle sur les uniformes militaires, la circulation d’armes et le manque de patrouilles dans certaines zones frontalières posent un défi urgent pour la protection des populations civiles. Pour de nombreux observateurs, seule une réponse coordonnée et régionale pourrait contenir cette spirale d’insécurité.
La rédaction
