C’est une avancée majeure pour le droit à l’éducation en République démocratique du Congo. Le gouvernement congolais vient d’annoncer, à travers une note circulaire officielle, que les jeunes filles enceintes ne peuvent plus être exclues des établissements scolaires.
Une décision saluée par les acteurs de la société civile, mais aussi attendue depuis longtemps par les défenseurs des droits des filles.
Dans cette circulaire datée du lundi 14 juillet et signée par le secrétaire général a.i. du ministère de l’Éducation nationale et Nouvelle Citoyenneté, Alexis Yoka La Pulinangu, les directeurs provinciaux de l’enseignement sont fermement instruits de garantir l’accès et le maintien dans le système éducatif de toutes les élèves filles, y compris celles enceintes.
Une réponse à une urgence sociale et éducative
Cette directive fait écho aux nombreux cas d’exclusion de jeunes filles, souvent mineures, contraintes de quitter les bancs de l’école après une grossesse. Ce phénomène, qui touche chaque année des milliers d’élèves en RDC, est désormais combattu de front par le ministère.
Les grossesses précoces sont l’un des facteurs majeurs des abandons scolaires féminins. En excluant ces jeunes filles, nous contribuons à creuser les inégalités et à hypothéquer leur avenir, souligne la note.
Désormais, les établissements scolaires sont appelés à lever toutes les barrières administratives ou pédagogiques qui pourraient freiner la continuité de la scolarité des filles enceintes. Le ministère va plus loin en précisant qu’aucune sanction, directe ou indirecte, ne sera tolérée à l’encontre d’une élève en état de grossesse.
Un engagement aligné sur les normes internationales
Cette décision s’inscrit dans le cadre des engagements pris par la RDC dans les conventions internationales relatives aux droits de l’enfant et à l’éducation pour tous, notamment la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE) et les Objectifs de développement durable (ODD), en particulier l’ODD 4 qui vise une éducation inclusive et équitable pour tous.
Pour les spécialistes de l’éducation et les ONG locales, cette mesure était indispensable. L’école doit rester un lieu d’apprentissage, pas de stigmatisation. Autoriser les filles enceintes à étudier, c’est leur rendre leur dignité et leur redonner une chance de réussir, commente Carine Ndundu, éducatrice et militante pour les droits des filles à Goma.
Vers une transformation du système éducatif ?
Historiquement, les politiques éducatives congolaises ont été marquées par une certaine rigidité, notamment à l’égard des élèves enceintes, souvent forcées à l’abandon ou orientées vers des écoles spécialisées marginalisantes. La nouvelle directive rompt donc avec cette approche punitive, en plaçant la réintégration et la protection des élèves au cœur du système.
Reste à savoir comment cette mesure sera effectivement appliquée sur le terrain, notamment dans les zones rurales où la stigmatisation sociale demeure forte et où les moyens logistiques et pédagogiques font souvent défaut.
Le ministère promet un suivi strict. Des sanctions pourraient être envisagées à l’encontre des responsables scolaires qui violeraient cette nouvelle disposition.
Avec cette directive, la RDC amorce un virage historique en matière de justice éducative. Une mesure qui pourrait changer la trajectoire de vie de milliers de jeunes filles, leur offrant la possibilité de concilier maternité précoce et avenir scolaire.
Abiël Bushoki
